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Yann Tiersen : Paris –Brest ou D’Ici D’ailleurs
Tout juste rentré d’une tournée avec M83, après une petite semaine de break, Auguri alors tourneur et management de Yann Tiersen me propose de repartir sur la route en qualité de merch-man. Pas besoin de beaucoup réfléchir. Me voilà donc pour la première fois de ma vie au milieu d’une grosse équipe, dans un tour-bus. Et voici le début d’une fabuleuse histoire.
Pendant trois mois j’ai porté la casquette du vendeur, du commercial, belle expérience mais génératrice aussi d’une belle frustration : je suis musicien avant tout et croyez-moi de voir chaque soir un groupe monter sur scène et ne pas faire parti de la fête…!!! mais le vent à tourné, le bassiste attitré en la personne de Jean-Paul Roy (Noir Désir) jette l’éponge et je prends la relève ! Une belle tournée s’ensuit avec de brillants musiciens tel que Ludovic Morillon (Prohibition, NLF3), Marco Sens (), Anne-Gaëlle (Les Têtes Raides), Christine Ott, Gaëlle Kerien, Dave Collingwood (, Robin Allender, Olavur Jakupsson, Neil Turpin, Lionel Laquerriere.
Et aujourd’hui encore je fait parti de cette folle équipée.
Petite peinture d’un breton
L’éternelle clope au bec, le caressage de tempe, les cheveux hirsutes, la démarche tranquille, les yeux ailleurs, le corps ici, la réserve. D’ailleurs, d’ici. D’ici, d’ailleurs. De nulle part, de partout. Voilà pour la silhouette.
Violon, guitare, piano, synthés, mélodica, basse, accordéon, et d’autres et encore d’autres. Génial touche à tout. Quand Monsieur joue du violon, pour n’en citer qu’un, on est en présence d’un ovni : il en joue comme un punk, les cordes crissent, hurlent, se détendent, les crins de l’archet s’arrachent, se baladent au gré du mouvement musical, détournement.
Littéralement habité par la musique, les notes et les sons sont sa chair. Gand mélomane, une culture musicale immense, qui embrase tous les styles et toutes les époques. Auteur, compositeur, grand mélodiste, grand arrangeur, grand improvisateur, grand Monsieur, vous ne trouvez pas ? Jouez avec lui, c’est une expérience qui vous élève. Sa musique est d’une telle richesse ; elle fourmille d’idées, elle mélange les genres, elle joue sur les dynamiques, les textures de sons, elle s’énerve, elle se barre, elle gronde, en cascades, elle s’assombrit, elle illumine comme un phare, elle revient plus posée puis tout est calme. Eléments marins ? pour un Breton me direz-vous… ah çà il l’aime sa Bretagne, Monsieur n’est pas français mais bien breton, jusqu’au bout des doigts, qu’on se le dise ! mais en fait il est surtout du monde, de son monde, d’ici d’ailleurs.
Donc ma première tournée au côté de Yann. Un gros tournant musical qui se ressent surtout sur scène où tout devient plus rock et encore plus aventureux. Je me souviens de ces concerts comme de grands moments de tension et d’électricité, à tel point qu’une partie du public quitte les salles, ne comprenant pas la nouvelle direction prise, trop noisy, trop rock…sa musique reste pourtant la même, emprunte de magnifiques mélodies, de tumulte, de retour au calme, d’improvisations, de sonorités aux nombreuses couleurs, un savant mélange ma foi !
Le live tout droit sorti de ce qui se passait à l’époque de la tournée de l’abum ‘Les retrouvailles’.
Première tournée aux USA. Accueil incroyable. Une tournée mondiale qui nous fera voyager dans plus de trente pays. Toute l’Europe y passe ainsi que l’Amérique du Sud, l’Indonésie, l’Australie, la Chine, la Russie. Le public change, plus jeune, plus en phase avec la nouvelle direction musicale qui mélange synthés, parties électriques, acoustiques et toujours ce qui fait la marque si singulière de Yann, son sens des mélodies, de l’arrangement, ses innombrables trouvailles de matière sonore.
Pas de répit pour les braves. Dans la foulée de ‘Dust Lane’, nous repartons sur la route pour défendre ‘Skyline’, son frère jumeau, un peu à la manière d’un ‘Amnesiac’ de Radiohead qui suivait de près ‘Kid A’. ‘Dust Lane’ déblayait la route et traçait une nouvelle voie ‘Skyline’ confirme et enfonce le clou. Encore beaucoup de route nous attend, des milliers et des milliers de km parcourus avec une équipe fabuleuse venant d’Angleterre, d’Australie, d’Irlande, d’Ecosse, des Iles Féroé et un peu de chez nous tout de même !
En sa compagnie j’ai enregistré les batteries de son dernier album « Infinity » et fais quelques choeurs avec les membres du groupe et autres invités. La tournée se préparait alors mais finalement non je n’en fis pas parti. Après de longues et magnifiques années passées à ses côtés notre collaboration s’arrêtait bel et bien là mais sans aucun regret ! Longue vie à Yann et à sa musique !